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témoignage

 

 

Je m’appelle Samuel Furcy, douzième d’une famille créole de quatorze enfants, je suis né à l’Ile de La Réunion. Mes parents ont émigré en métropole (France) dans le but d’avoir une vie économiquement meilleure. J’avais alors environ 4 ans.

Ce qui pouvait paraître un rêve, s’avéra être bien difficile au début. Ma famille s’entassa dans un tout petit appartement. On faisait coucher un plus petit avec deux grands dans le même lit, pour que tous tiennent dans le peu de mètres carrés et de lits disponibles. Mes parents travaillaient dur pour survivre. Notre vie était plutôt chiche ; les plus grands aidaient aux tâches ménagères et quelques uns des plus petits avaient le privilège de partir en colonie de vacances.

Ce n’était pas facile pour nous de nous adapter ni d’être acceptés, étant créoles, dans ce petit village de Haute-Savoie. Mes parents, à force de travail, finirent par entreprendre la construction d’une maison familiale. Dès lors, nous avons eu plus de place pour la famille et nous avons connu la joie de la vie à la campagne.

Mon père était adventiste, ma mère catholique ; nous avons reçu une éducation « biblique » et étant jeunes, nous avons fréquenté l’école du sabbat. Malheureusement, les méthodes que mon père croyait bonnes pour nous transmettre la foi nous ont plutôt donné envie de prendre la fuite très loin de l’église.

Mes parents ont aussi connu des difficultés entre eux et, lorsque j’avais environ 15 ans, ils se sont séparés. Dès lors, mon père est devenu de plus en plus absent. De super stricte et sévère qu’était l’éducation de mon jeune âge, je passais à une liberté durant laquelle la balance bascula fortement dans l’autre sens. Malgré les bons conseils de ma mère, très occupée par son travail et sa famille, je sortais, je buvais, je fumais des joints, je me bagarrais, je draguais le plus de filles possibles, ce qui, pour moi semblait la vraie vie.

Parallèlement, j’entreprenais un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) en électricité. Seulement, foire et études ne vont pas très bien ensemble et je finis par rater mon examen final pour m’y être rendu encore ivre de la veille.

Ce fut ensuite l’âge de l’armée. Je décidai de m’engager comme parachutiste en échange de la proposition de faire mes classes à l’Ile de la Réunion. Très vite, je me rendis compte que je n’irais pas à la Réunion mais au Tchad. Je désertai et finis en prison, puis je fus gracié lors de l’élection présidentielle.

Après l’armée, où j’avais appris à manier les armes, je travaillais sur des chantiers de rénovation d’ouvrages d’arts (ponts, barrages, tunnels).  J’aimais ce travail, mais suite à plusieurs circonstances, j’arrêtai et je décidai, avec d’autres connaissances, de rentrer dans le milieu des braquages et vols à main armée. Un de nos complices se fit arrêter et nous dénonça.

Après quelques années de préventive, je fus condamné à 17 ans de réclusion criminelle. La prison devint, pour moi, le catalyseur de ma haine du système et de celui qui nous avait balancé.

Je passai mes premières années d’emprisonnement dans les quartiers d’isolement et au mitard, rêvant de nouvelles affaires et imaginant des façons variées d’exécuter les balances.

En septembre 1997, je reçus un courrier d’une fille que je connaissais avant mon incarcération. Une lettre d’une fille : cela m’intéressait vivement ! (Bien que j’eusse déjà une copine). Le contenu, par contre, me choqua littéralement : elle me parlait de sa rencontre avec Jésus-Christ !…

Alors là, elle avait vraiment mal tourné !  Sans doute, s’était-elle fait embrigader dans une secte !  Je pensai que ma situation était encore meilleure que la sienne et je me dis que, non seulement cela serait bien d’en faire une conquête mais, qu’en plus, j’allais faire une bonne action en la sortant de sa secte !

S’ensuivit une correspondance de trois années, où elle continuait à me décrire ses expériences spirituelles et, pendant lesquelles, elle refusa catégoriquement de venir me visiter (sic!…) Pendant ce temps aussi, je devais être au bénéfice de prières intensives et un travail spirituel, de plus en plus fort, prenait forme. Je commençais même à penser que cette fille n’était peut-être pas sur un si mauvais chemin que ça…

En décembre 1999, elle eut la pensée surprenante, que nous allions nous marier ! Elle commença à interroger son Dieu à ce sujet

Je me trouvais alors en central à Moulin Yzeure et ce même soir, me retrouvant en cellule après une période d’un mois de mitard, je me sentis poussé à demander : « Dieu si Tu existes, prouves le moi ! ».

Et là, je ressentis une puissance qui me poussa à m’agenouiller et à fermer les yeux pour prier. Cette puissance m’écrase au sol ! Et c’est en pleurs que je demande pardon à Dieu ; je ressens alors une joie extraordinaire me remplir alors que les larmes coulent

Je me relève, un brigadier qui m’entendait crier : « Dieu existe, il n’y a qu’une voie qui mène à Dieu, les hommes ont inventé des religions… », ouvre la porte avec une cohorte de surveillants et là, chose incroyable, je sors de la cellule et je les embrasse de joie.  Ils ne comprennent pas !… Après que j’ai frappé à la cellule de mon ami pour lui dire que Dieu existe, le brigadier me dit « Qu’est ce que je fais Furcy ? » je lui réponds « faites votre travail brigadier refermez la porte » !…

Ne comprenant pas ce qui m’arrive, on fait venir le médecin.  C’est une doctoresse qui se déplacera. Connaissant un peu la Bible elle est plutôt réjouie par ce dont elle est témoin et ne s’inquiètera pas de mon état. J’ai passé cette nuit à l’isolement, nuit de nouvelle vie où je me sentis porté à prier.

Le lendemain, je suis retourné en détention et j’ai téléphoné à ma correspondante.

Elle aussi fut très surprise par le retournement de situation, voir même un peu sceptique, mais, cela ne durera pas trop puisque, aujourd’hui, elle est devenue mon épouse !

Après ma conversion, je suis resté encore 3 ans emprisonné, temps de préparation, d’études bibliques, de transformation et aussi de témoignage auprès de mes codétenus.

Un homme comme j’étais, rempli de haine, Dieu l’a relevé !

Et vous savez, Dieu a de l’humour ! Parce qu’à la suite du jugement, je m’étais juré de ne plus jamais mettre de majuscule au mot France ; or, mon épouse s’appelle Marie-France et notre fils est né le 14 juillet !